« Industrie verte », « transition juste », l’industrie dunkerquoise est en pleine mutation pour répondre à l’objectif environnemental national de baisser de 41 millions de tonnes d’équivalent de CO2 d’ici à 2030, à travers les technologies vertes. La troisième plateforme industrielle de France est donc confrontée au défi climatique et à la décarbonation de ses secteurs traditionnels, chimie, sidérurgie, énergie ou transport maritime, véritables poumons d’emploi du littoral.

Mais ce sont aussi des projets industriels nouveaux, notamment autour de la batterie électrique et des process de recyclage et de retraitement, qui voient le jour, promettant la création de plusieurs milliers d’emplois.

En effet, après l’annonce de l’arrivée de Verkor, le président de la République en personne annonce au printemps 2023 l’implantation de Prologium, entreprise taïwanaise spécialisée également dans la fabrication de batteries électriques. Les projets XTC-Orano et Eramet complètent la chaine de production, le premier pour la matière première, le second pour le recyclage des batteries.

Le magazine communautaire, en mars 2023, titrait « 16 000 avenirs », soit 16 000 emplois nouveaux promis, couvrant à la fois la transformation du tissu existant et les nouveaux projets.

Ce chiffre conséquent ne doit pas occulter le défi consistant à assurer l’avenir des sites industriels concernés et confrontés à cette transition. De plus, lorsqu’on analyse ces chiffres, ils englobent les emplois « de chantier » : les chantiers des nouvelles implantations de la batterie, de l’agrandissement du port, de la construction de 2 EPR pour la centrale de Gravelines ou encore de la construction des fours électriques d’ArcelorMittal pour remplacer les hauts fourneaux : ce sera, au bas mot, 10 000 emplois, par définition temporaires.

Un premier enjeu, pour la CGT, est donc de vérifier qu’EDF, ArcelorMittal, Prologium, Verkor… fassent appel, pour ces grands chantiers, à un maximum d’entreprises territoriales, régionales ou nationales. Il faudra aussi veiller, comme pour la construction du terminal méthanier, il y a près de 10 ans, aux conditions de travail, aux conditions sociales et de vie des travailleurs détachés.

Un collectif industrie au sein de notre Union locale CGT de Dunkerque, pour une analyse d’ensemble et des propositions à hautes valeurs sociales, sociétales et environnementales.

Face à tous ces enjeux, l’union locale demande encore à ce jour aux pouvoirs publics une table ronde sur les questions industrielles du territoire, dans une approche globale et d’avoir un comité de suivi pour les sites confrontés par des transformations de leur outil de production tels que Total, Versalis, ArcelorMittal, Valdunes ou Engie Flex Gen France

Les syndicats, de par leur expertise du terrain, ne peuvent pas être hors-jeu face aux stratégies d’entreprises et aux politiques publiques pour mener cette transformation du territoire dunkerquois.

L’Union locale CGT Dunkerque s’est dotée d’un collectif Industrie, réunissant nos syndicats des entreprises majeures (Total, ArcelorMittal, Ascométal/Valdunes, Versalis, Aluminium Dunkerque, EDF, Engie, le port de Dunkerque, Astra Zeneca …).

Toutes ces entreprises ont des objectifs de transformation ou d’extension. Elles opèrent dans des filières définies comme stratégiques pour l’industrie et la réponse aux besoins finaux.

La Rédaction

Comment portes-tu les questions énergétiques au sein du collectif Industrie ?
Comme tu le sais, d’une part, nous sommes accompagnés au niveau de la fédération par Julien Lambert, secrétaire fédéral responsable de la politique énergétique et industrielle, et par mon syndicat composé du CNPE de Gravelines et du terminal méthanier Gazopale. D’autre part, mon mandat de secrétaire du comité de groupe France Engie m’offre la possibilité d’avoir un panoramique énergétique complet à la fois sur le sujet des technologies en développement comme sur les projets qui seraient à haut potentiel pour l’emploi.
Enfin, le fait d’être présent sur le secteur gaz et le collectif thermique CGT donne à la fois des points d’échange sur le mix énergétique de l’électron et de la molécule et permet de faire le lien entre les deux dans l’analyse des projets.

Quels sont les intérêts de mettre en débat ces questions dans l’inter-pro ?
Parce que DK6 a toujours été une centrale à part, puisque la première en France à réduire l’empreinte des émissions de CO2 d’un industriel par la transformation de leurs gaz sidérurgiques. Parce que notre réflexion doit porter sur la valorisation de l’économie circulaire locale comme pourrait le faire la gazéification hydrothermale. Il reste évident que ces débats ne doivent pas être cloisonnés à l’inter-pro et que nous devons être en capacité de nous imposer dans les sphères décisionnaires au plan local comme au plan régional.
Enfin, dans un secteur industriel important sur le littoral dunkerquois, nous devons aussi être capables de travailler à des solutions regroupant le plus d’entreprises comme par exemple sur les réflexions autour des futurs réseaux de CO2.