Le 26 février 1992, les trois cheminées de la centrale EDF d’Arjuzanx-Morcenx s’arrêtaient définitivement après 33 d’exploitation.
Située en Aquitaine, elle aura permis d’éclairer et chauffer de très nombreux foyers durant des décennies. Mais, à partir de cette date, un autre combat commença…
Commençons cet article par une citation de Simone Veil : « Transmettre la mémoire de l’Histoire, c’est apprendre à se forger un esprit critique et une conscience »,. Donc, si nous faisons nôtre cette citation, c’est bien d’Histoire ouvrière qu’ il s’agit avec ce beau projet « Les trois colonnes ».
Mais, avant toutes choses, il faut savoir que la centrale thermique EDF d’Arjuzanx a été le poumon du développement industriel de la ville de Morcenx située dans les Landes et qui a connu une dynamique sans précédent, de 1959 à 1992.
Durant son activité, 1 323 agents ont travaillé sur place, ils y découvrirent le Statut des personnels des IEG, EDF, les activités sociales et le syndicalisme.
Après sa fermeture et son démantèlement, la CGT et les « anciens d’Arjuzanx », comme beaucoup les surnomment ici, ont décidé de créer une commission « Amiante » rattachée à l’union locale CGT de Morcenx. Ils accompagnent tous les salariés qui auraient été en contact avec l’amiante et les soutiennent dans leur combat, car oui, après toutes ces années, ils subissent encore des séquelles de santé dues à l’inhalation de fibres d’amiante.
À ce jour, 133 victimes, dont 42 décès sont reconnus
par la Sécurité sociale en « maladie professionnelle amiante »
Trente années sont passées, devenu propriété du département des Landes et classé Réserve naturelle nationale, l’ancien site minier de 2 500 hectares offre plusieurs activités touristiques au cœur du pays landais, avec notamment une plage aménagée qui reçoit tout au long de l’année et des saisons des milliers de visiteurs, et qui ne peuvent pour beaucoup imaginer l’importance de ce site, son passé industriel et le travail effectué sur ce lieu.
Afin que cette histoire, soit connue et reconnue, et que ce devoir de mémoire ouvrière perdure, les anciens d’Arjuzanx ont eu l’idée de confier à des artistes, la création d’une sculpture en hommage aux victimes. En septembre prochain, elle sera érigée au bord de l’immense lac, qui était autrefois une mine à ciel ouvert.
Elle sera composée de trois colonnes qui rappelleront les trois cheminées de l’ancienne centrale, une œuvre enrichie d’un univers sonore où se marieront ambiances de l’usine et paroles d’ouvriers.
Une œuvre immersive
pour petits et grands
La sculpture, réalisée en COFALIT, résidu d’amiante rendu inerte, servira à montrer que l’être humain est capable de transformer en produit inoffensif, ce poison mortifère qui a fait et continue de faire des victimes encore pour bien longtemps malheureusement.
Ce projet, porté par la CGT dans son ensemble, rappellera le travail accompli par l’homme et les nombreuses luttes menées par la CGT pour sauvegarder cette présence industrielle.
Guillaume Floret
L’inauguration en présence de Sébastien Menesplier, secrétaire général de la FNME-CGT est prévue le 28 septembre prochain, les « anciens d’Arjuzanx » seront présents pour que l’histoire de ce site industriel continue de vivre à travers leurs voix, et à travers cette sculpture.