Commençons cet article par une citation de Simone Veil : « Transmettre la mémoire de l’Histoire, c’est apprendre à se forger un esprit critique et une conscience »,. Donc, si nous faisons nôtre cette citation, c’est bien d’Histoire ouvrière qu’ il s’agit avec ce beau projet « Les trois colonnes ».

Mais, avant toutes choses, il faut savoir que la centrale thermique EDF d’Arjuzanx a été le poumon du développement industriel de la ville de Morcenx située dans les Landes et qui a connu une dynamique sans précédent, de 1959 à 1992.

Durant son activité, 1 323 agents ont travaillé sur place, ils y découvrirent le Statut des personnels des IEG, EDF, les activités sociales et le syndicalisme.

Après sa fermeture et son démantèlement, la CGT et les « anciens d’Arjuzanx », comme beaucoup les surnomment ici, ont décidé de créer une commission « Amiante » rattachée à l’union locale CGT de Morcenx.  Ils accompagnent tous les salariés qui auraient été en contact avec l’amiante et les soutiennent et accompagnent dans leur combat, car oui, après toutes ces années, ils subissent encore des séquelles de santé dues à l’inhalation de fibres d’amiante.

Trente années sont passées, devenu propriété du département des Landes et classé Réserve naturelle nationale, l’ancien site minier de 2 500 hectares offre plusieurs activités touristiques au cœur du pays landais, avec notamment une plage aménagée qui reçoit tout au long de l’année et des saisons des milliers de visiteurs, et qui ne peuvent pour beaucoup imaginer l’importance de ce site, son passé industriel et le travail effectué sur ce lieu.

Afin que cette histoire, soit connue et reconnue, et que ce devoir de mémoire ouvrière perdure, les anciens d’Arjuzanx ont eu l’idée de confier à des artistes, la création d’une sculpture en hommage aux victimes. En septembre prochain, elle sera érigée au bord de l’immense lac, qui était autrefois une mine à ciel ouvert.

Elle sera composée de trois colonnes qui rappelleront les trois cheminées de l’ancienne centrale, une œuvre enrichie d’un univers sonore où se marieront ambiances de l’usine et paroles d’ouvriers.

La sculpture, réalisée en COFALIT, résidu d’amiante rendu inerte, servira à montrer que l’être humain est capable de transformer en produit inoffensif, ce poison mortifère qui a fait et continue de faire des victimes encore pour bien longtemps malheureusement.

Ce projet, porté par la CGT dans son ensemble, rappellera le travail accompli par l’homme et les nombreuses luttes menées par la CGT pour sauvegarder cette présence industrielle.

Guillaume Floret

À l’initiative de l’union locale CGT de la Haute-Lande, les anciens salariés d’Arjuzanx ont retenu le projet artistique de Valérie Rauchbach et Jean-Marie Lavallée, une structure composée de trois colonnes de résidus d’amiante traitée par la torche à plasma dans les locaux de l’usine INERTAM.
Ce produit appelé Cofalit, rendu inerte, est le message qu’ils souhaitent partager aux passants et transmettre aux générations futures. « Je vois, en cette torche à plasma, comme l’outil d’un métamorphisme ultime, qui transmute la fibre mortifère en un matériau admirable. Moderne alchimiste, je veux le sublimer en un bijou rare, enchâssé dans l’écrin majestueux de ce parc naturel d’Arjuzanx. 
Trois grandes colonnes (6, 5 et 4 mètres) rappellent par leur forme celle des cheminées de l’usine, ici transfigurées en joyau grâce au Cofalit noir et brillant dont elles sont faites.  Un éclairage discret, par LEDS, répartis au sein de la matière, les éclaire et les anime doucement, comme une respiration. Et, en passant à travers elles, un son, déclenché par des capteurs des mouvements, diffuse, en leur centre, des voix et les bruits de l’usine ancienne, détruite », explique Valérie Rauchbach.   
Cette sculpture rappellera le travail accompli par l’homme et les nombreuses luttes menées par la CGT pour sauvegarder cette présence industrielle.