CONÇUE EN 1955, « LA FLAMME » EST UNE MOSAÏQUE MURALE MONUMENTALE SIGNÉE FERNAND ET NADIA LÉGER, MAITRES DU CUBISME. DEPUIS PRÈS DE DIX ANS, BERNARD KLEIN ET DOMINIQUE DIONISI SE BATTENT POUR SA SAUVEGARDE. ENTRETIEN AVEC LE PRÉSIDENT DE L’ASSOCIATION SAUVEGARDONS LA FLAMME DE NADIA ET FERNAND LÉGER.
Quel est l’objectif principal de l’appel concernant l’oeuvre « La Flamme » ?
Dominique Dionisi : La réponse est dans l’appel que Bernard Klein et moi lancions en 2023. Il est composé de trois étapes : la sauvegarde, la restauration et le retour dans le domaine public de « La flamme ». Le troisième point est important, car je rappelle que cette oeuvre artistique remarquable a été financée par de l’argent public, puisque versé au couple d’artistes par GDF, alors entreprise publique et nationalisée.
Quels sont les défis rencontrés pour préserver cette mosaïque ?
D. D. : Entre méandres, arcanes, déceptions et mesquineries humaines qu’il faut anticiper, encaisser ou esquiver, on peut user beaucoup d’énergie et céder au sentiment de « perdre ses illusions ». Mais, Bernard Klein et moi-même avons chacun plus de 50 ans de vie militante derrière nous. Disons que notre cuir est bien tanné. Parce qu’il ne suffit pas d’inscrire une construction remarquable et une création artistique exceptionnelle au Répertoire des Monuments Historiques pour se dire qu’on a fait son travail. Encore faut-il savoir ce qu’il en sera fait ? Curieusement, « on autorise la construction d’un bâtiment inesthétique à 15 mètres de la mosaïque et après on s’aperçoit qu’il aurait fallu intervenir avant. Le calendrier des faits est, pour le moins, sujet à caution…
Quel sera l’avenir du site où se trouve « La Flamme » ?
D. D. : Nous proposons aux différentes autorités concernées de faire de ce lieu un centre culturel dédié aux arts plastiques et en premier lieu à l’apprentissage de la technique de la céramique. Nous avons un projet très sérieux. Le cadre dans lequel nous nous trouvons est clairement identifié, réaliste et réalisable.
Qui sont les acteurs impliqués dans ce projet de sauvegarde ?
D. D. : C’est d’une réhabilitation et d’une reconversion qu’il s’agit. C’est pourquoi nous interpellons la Direction régionale des affaires culturelles d’Ile-de-France qui est sous la tutelle du ministère de la Culture, le Conseil régional d’IDF, le Conseil départemental du Val-de- Marne, la ville d’Alfortville et la société SEI, aujourd’hui propriétaire du site. Et sont aussi concernés les groupes ENGIE, EDF, GRDF et SUEZ, car entre le début de la privatisation et aujourd’hui, ces puissances industrielles et financières furent, tour à tour, propriétaires de l’ancienne cokerie Paris-Sud de GDF. J’ajoute que nous sommes fiers de compter les ayants droit des deux artistes au nombre de nos alliés.
Cette bataille vise-t-elle à renforcer les liens entre le monde de la culture et le monde du travail ?
D. D. : Bien sûr ! Quand, de 1930 à 1932, Diego Rivera décore les 430 m2 du hall de la Ford Motors Company, à Detroit (Michigan-USA), c’est ce qu’il fait. Et, quand, en 1971, Victor Vasarely réalise les deux grandes fresques murales – chacune de 32 m de long sur 6 m de haut – qui ornent le hall de la gare Montparnasse, à Paris, il déclare : « L’art est fait pour envahir l’espace public ». L’artiste rappelle ainsi que les lieux de travail sont des espaces où évoluent des publics qui circulent et qui participent à la production des richesses. C’est pourquoi l’Appel pour la sauvegarde, la restauration et le retour dans le domaine public de « La flamme » de Nadia et Fernand Léger est pleinement justifié.
Comment les électriciens et gaziers peuvent-ils s’engager dans ce combat ?
D. D. : Est-ce à moi de dire aux agents des IEG ce qu’ils et elles doivent faire sur le terrain du combat pour la défense des arts ? J’ai envie de paraphraser la réplique cinglante du sénateur Victor Hugo : « Messieurs les sénateurs, si vous pensez que la culture coûte cher, essayez l’ignorance ! » en leur disant :
« Electricien-ne-s et Gaziere-s, si vous trouvez que la bataille pour les arts est secondaire alors, essayez CNews ! »
Propos recueillis par
Stéphane Gravier
Pour signer la pétition Sauvegardons « LA FLAMME », l’oeuvre de Nadia et Fernand Léger, à Alfortville,
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Pour contacter ou adhérer à l’association « Sauvegardons La Flamme de Nadia et Fernand Léger » :
laflammeleger@gmail.com