Baptisé «Emili» (exploitation du mica lithinifère), le projet d’ouverture d’une mine de lithium, en 2028, à Échassières, dans l’Allier, par Imerys, géant mondial de la production et de la transformation des minéraux industriels, suscite la controverse. Un dossier sur lequel le secteur mine de la FNME-CGT entend bien peser.
Le chiffre de 34 000 tonnes extraites par an a été avancé. Avec, à la clé, selon Imerys, 500 à 600 emplois directs et 1 000 emplois indirects. Si la question a de quoi séduire sur le plan économique et social, du côté du Massif central, elle suscite inquiétudes, critiques, de la part des citoyens, des associations de défense de l’environnement, de certains élus, sur le plan environnemental.
Un peu partout dans la région, depuis début mars(1), les espaces de débats mis en place par la Commission nationale du débat public (CNDP), laquelle doit être saisie, sans arbitrage selon la loi, lorsqu’un projet dépasse 600 millions d’euros d’investissement, exaltent les passions et autres fantasmes. Pour la CGT mines FNME-CGT, le projet d’ouverture d’une mine de lithium, en 2028, à Échassières, dans l’Allier, ce qui serait une première en France depuis 50 ans, a le mérite d’exister. Mais, il demande à être pensé en toute objectivité. Car l’extraction, en France, de cet « or blanc », principalement exploité et importé… d’Australie, du Chili et de la Chine cache bien d’autres vertus politiques et idéologiques que celles mises en avant par le gouvernement favorable au projet, dans le seul but argumenté d’obéir aux injonctions d’une Union européenne qui a décidé d’interdire la vente de voitures thermiques à partir de 2035 pour atteindre son objectif de neutralité carbone.
La France s’assurerait ainsi une certaine souveraineté et sécurité en matière d’approvisionnement de ce métal et de la transition vers les véhicules électriques, avec assez de lithium pour 700 000 batteries de voitures chaque année. Or, pour Jean-Paul Boyer, coordinateur du secteur mines à la FNME-CGT, « non seulement les batteries sont également utilisées dans d’autres usages quotidiens, pour la transition informatique, etc., mais en plus, il faut avoir une vision beaucoup plus large sur ce dossier. Et, réfléchir à long terme l’extraction de ce métal avec des moyens respectueux de l’environnement, des salariés et de l’économie régionale. Ce qui implique fatalement de ne pas le laisser uniquement dans les mains d’une compagnie privée. »
Alors opportunité à saisir dans le cadre de la souveraineté énergétique ? Pour la CGT, le débat reste entièrement ouvert sur l’extraction du lithium en France, encadré par des normes sociales et environnementales !
Stéphane ALESI
(1) Initialement prévu du 11 mars au 7 juillet, le débat public a été prolongé jusqu’au 31 juillet