L’ouvrage « (RE) connaissance des risques cancérigènes au travail dans les mines » est paru en décembre dernier aux éditions Arcanes 17. Fruit d’un méticuleux travail collectif, il permet de découvrir que de nombreux cancers sont consécutifs à la respiration et l’utilisation de produits chimiques dans les anciennes mines en France.
Pendant des décennies, ils ont extrait du sol de France le charbon, l’uranium, les ardoises, l’or ou la potasse. Mineurs de fond ou de surface, ils ont été des milliers dans les régions des Haut-de-France, de l’Est, des Cévennes, d’Alsace, d’Occitanie, de Provence ou du Dauphiné à travailler dans des conditions souvent violentes et dégradantes. « Et lorsqu’on subit les mêmes maladies professionnelles graves, explique Richard Caudy, responsable fédéral de la FNME-CGT et rédacteur en chef du Travailleur du Sous-Sol, les années de fin de vie sont difficiles pour soi et ses proches. »
Constitué de « fiches de poste », il permet aux anciens mineurs l’accès à un suivi médical post professionnel, prévention secondaire des effets éventuels de leurs expositions professionnelles aux cancérogènes, et permettre, d’une certaine manière, la reconnaissance en maladie professionnelle de ces effets pour ceux qui en sont victimes.
Prenons l’exemple d’un mineur de fond dans une mine de charbon du Pas-de-Calais. Qu’il soit galibot, mineur, porion, électromécanicien ou boutefeu, il respira des vapeurs d’huiles inhalables, des poussières de silice et de charbon, mais aussi des vapeurs nitreuses dégagées par les explosifs, des oxydes d’azote et de monoxyde de carbone. « Le problème des mineurs, précise le docteur Alain Carré, syndicaliste et médecin du travail à la retraite, c’est qu’il y a de nombreux risques cancérigènes, addictifs et multiplicatifs qui portent sur un même organe. » Point par point, cet ouvrage passe en revue l’ensemble des examens complémentaires préconisés dans le cadre du protocole de la CPAM auxquels les anciens mineurs devraient se livrer.
« Ce travail n’a jamais été fait par les médecins en entreprise, témoigne Freddy Maugiron, ancien délégué mineur. Poste par poste, il est le fruit de témoignages collectés permettant d’avancer sur les expositions subies. » De ce fait, ces fiches de postes restituent la réalité du travail dans les mines, ce qui constitue leur originalité et leur véracité puisque que ce n’est pas d’une vision du travail prescrit, mais bien de l’expression du travail réel et de son vécu, qu’elles sont issues.
Dans un message adressé aux auteurs par Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT écrit : « Je salue le travail du secteur Mines de la FNME-CGT qui, avec sa pugnacité, a permis un contenu bien élaboré et non exhaustif. Ce recueil met en valeur le combat sans concession sur la prise en compte et la reconnaissance des AT-MP mené par le docteur Alain Carré. La richesse de cet ouvrage collectif doit permettre au corps médical et à tous les intervenants sur un sujet délicat et complexe de trouver les éléments utiles pour traiter toutes les situations liées aux AT-MP. Bravo pour cette œuvre syndicale qui, je l’espère, ouvrira des perspectives à d’autres professions et fera œuvre utile pour l’amélioration des conditions de travail dans les mines demain. »
Stéphane Gravier
« (Re) connaissance des risques cancérogènes au travail dans les mines », ouvrage collectif, éditions Arcane 17, novembre 2023, 23 euros.
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